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19 décembre 2011

DOLORES CLAIBORNE



DOLORES CLAIBORNE - de Stephen KING

 

 

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En ce moment, rien ne me tente côté lecture. j'ai tout un tas de bouquins en stand-by dans ma bibliothèque, mais aucun qui ne me fasse vraiment de l'oeil : j'en prends un, je lis quelques lignes, parfois un ou deux chapîtres, pis ça m'emmerde. A chaque fois j'ai une impression de "déjà-vu, déjà-lu". Je n'ai pas la petite étincelle qui fait que ça me donne envie (wow, c'est beau ce que je viens de dire, je devrais broder ça sur mes mouchoirs...). Bon, bref, j'ai fini par me dire que quitte à avoir une impression de déjà-lu, eh bien autant aller chercher un de mes classiques au fin fond des cartons dans le garage. Mon choix s'est porté sur Dolorès Claiborne, de Stephen King. En ce qui me concerne, c'est un classique. Pour vous, sûrement que non, le mot "classique" vous évoque sûrement plus Hugo, Zola, Flaubert ou tout autre auteur mort avant votre naissance. Pour moi, un classique, c'est un titre vieux de quelques décennies, lu et re-lu, archi-connu, d'un auteur également archi-connu. King fait bien partie du classique!


Dolorès Claiborne, j'avais adoré quand j'avais 22 ans. C'est précis. (d'un autre côté, apparemment j'ai noté sur la 3ème de couv que j'ai lu DC en octobre 1996, ça permet la précision). Je l'avais vu en film aussi, avec Kathy Bates, mais ce n'était pas aussi bon que l'original de papier, bien qu'étant à mon avis -de l'époque- un film très honorable.

 

La question que je me posais était simple : est-ce qu'à 37 ans j'allais trouver ça toujours aussi génial?

 

 

Quatrième de couverture :

"De son propre aveu, Dolores Claiborne n'est qu'une vieille garce : mauvais caractère, mauvaise langue, mauvaise vie.

A Little Tall, on ne sait toujours pas exactement ce qui s'est passé il y a trente ans, et si l'accident qui, le jour de l'éclipse, a coûté la vie au mari de Dolores Claiborne était vraiment un accident... Aujourd'hui, la vieille dame indigne est à nouveau soupçonnée : la riche et sénile Vera Donovan, dont elle est la gouvernante depuis des décennies, vient d'être découverte morte dans sa demeure.

Seul témoin et seule héritière, Dolores fait figure de coupable idéale. Elle n'a désormais plus le choix : elle doit passer aux aveux. Raconter les étranges phobies qui habitaient sa maîtresse, se souvenir de l'horreur qu'elle vécut il  a trente ans. Dire toute la vérité, une vérité terrifiante."

 

 

Le récit tout entier est écrit à la première personne du singulier, et ça dure 300 pages. La "confession-aveu" de Dolores Claiborne lors de sa garde à vue après la mort de Vera Donovan. Un langage cash, sans fioritures, avec les fautes de syntaxe qui vont avec. Pas de vrais dialogues, juste des phrases rapportées par la suspecte. Un récit. Un très long récit. Une façon de dire au lecteur : tu n'es pas lecteur, tu es spectateur, tu es là avec Andy et Frank les flics, et Nancy, la sténographe. Tu es là et tu écoutes. Et ma foi, c'est assez réussi, ça change un peu de l'ordinaire on va dire... Mais c'est long! Moi qui aime les narrations sous formes de "un personnage une action un chapître", j'ai été loin d'être servie! C'est écrit et ça se lit tout d'un bloc. Long long long!!!

 

Dolores raconte sa vie, comment elle s'est mariée avec Joe St George, comment elle a eu des enfants avec lui, et comment c'était un bon salaud de première. Comment elle s'est retrouvée à être la femme de ménage de la résidence d'été de Vera Donovan, puis la femme de ménage à l'année, puis la gouvernante, dame de compagnie de la "vieille chouette". Elle raconte sa vie avec son mari et avec sa patronne. Elle raconte la mort des deux. Comment elle a tué le premier, mais refuse de payer pour la mort de l'autre, mort dont elle est totalement innocente. Comment son mari la battait, comment Joe essayait de toucher sa fille, comment il buvait l'argent du ménage et le jouait au poker. Comment Dolores n'a pas baissé la tête et a même fini par la relever encore plus haut. Comment finalement, elle s'est retrouvée à être encore plus proche de Vera Donovan qui elle aussi porte sur ses épaules le fardeau de la mort.

 

C'est le récit d'une pauvre vie. Faite de violences conjugales, physiques, de violences au travail, psychologiques. A 22 ans, ça m'avait bouleversée. A 37 ans, j'en suis malheureusement presque à trouver que c'est "juste" de la violence ordinaire. Je dis presque, parce que tuer son époux n'a rien d'ordinaire. Ce qui pourrait être "ordinaire" (et je ne dis pas normal, hein!) c'est la violence faite aux femmes, c'est l'inceste, c'est la manipulation psychologique, c'est l'abandon des personnes âgées. Tout cela est évoqué dans Dolores Claiborne. Mais quelque part, ça sonne faux. Est-ce parce que le langage utilisé est assez familier et un peu cru, pas trop lady-like, même si Dolores n'a rien d'une lady? Est-ce parce que c'est un homme qui écrit en essayant de se mettre à la place d'une femme?

 

C'est un très bon livre, on réussit bien à entrer dedans. La narration ne laisse aucun temps mort, les mots sont simples, on comprend bien tout et même plus qu'on ne voudrait comprendre. L'action également est bonne. Je m'imaginais tout là-haut sur l'île, courant dans le noir, sautant par dessus le puits... Je m'imaginais près de l'escalier, près du pantin désarticulé qu'était devenue Vera après sa chute... Mais je suis désolée : ça sonne faux! On entre dedans, mais pas à fond. Il y a un je-ne-sais-quoi qui m'a retenue en arrière et m'a empêchée de trouver cette lecture géniale.

 

Puis il y a cette fin... ah cette fin! Ce n'est plus le récit de Dolores, ce sont des coupures de journaux. Une coupure qui annonce que Dolores a été lavée de tout soupçon, qu'elle peut hériter en toute tranquilité de la fortune de Vera. Une coupure qui annonce qu'une oeuvre de charité vient de recevoir juste avant Noël une donation de 30 millions de dollars d'un bienfaiteur anonyme. Une coupure qui annonce que Dolores est ravie car sa fille qu'elle n'a pas vue depuis 20 ans va rentrer à la maison, ce qui est merveilleux, vu que pour Noël, elle devait déjà recevoir son fils qu'elle n'avait pas vu depuis longtemps non plus... Ma-gni-fique!!! C'est beau comme c'est dégoulinant de bons sentiments, comme ça fleure bon la happy end... Et dire que Dolores Claiborne est classé dans la collection "Terreur" chez Pocket (mon édition)... En effet ça terrorise!! Encore heureux cette fin sirupeuse sous-entend que le retour des enfants prodigues n'intervient miraculeusement qu'après l'héritage de leur mère, on ne vient jamais voir maman la pauvre gouvernante, mais pour maman la millionnaire, on va faire un effort. Alleluyah pour ce sous-entendu perfide!!! (qui m'avait totalement échappé à 22 ans, je dois dire!!)(ou alors c'est que j'ai l'esprit particulièrement retors à 37...??)


 

 

 

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