Soupe aux Légumes
SOUPE AUX LEGUMES
Bruno GAMBAROTTA
A Turin, on dit que c'est ici que sont nées toutes les modes, le cinéma, la radio, la TV, et qu'après, tout ça est parti ailleurs et qu'en échange est arrivée la Mafia.
A Turin, on dit qu'on ne peut pas se faire opérer d'une hernie sans être sûr de ne pas ressortir les pieds devant.
A Turin, on dit que la soupe a un drôle de goût depuis ces histoires de règlements de comptes aux Halles Centrales.
A Turin, on dit que tant qu'on se mêle de ses affaires, il ne peut rien vous arriver....
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Et perso, j'ajouterais : à Turin, on se demande si ceux qui écrivent les quatrièmes de couv ont lu le bouquin dont il est question.......
J'avais envie de lire un petit bouquin italien, pas forcément «en» italien, mais au moins un auteur du pays de la grande botte. Dans les rayons de la biblio, du Pirandello en veux-tu en voilà, du Buzzati et d'autres auteurs bien soporifiques comme je n'aime pas. Ca partait mal. Au rayon policier, je tombe sur Bruno Gambarotta. Moui, un «giallo», pourquoi pas? (pour ceux qui ne connaissent pas les subtilités ritaliennes, en France, un polar, c'est un «noir», en Italie, c'est un «jaune» (« giallo »))
A Turin (ça on l'aura compris), deux familles règnent. Les Peloso et les Agnello. Le bras droit de Peloso est assassiné à l'hopital où il vient de se faire opérer d'une banale hernie : Giuliano Sugamele. Par qui? Par sa concubine. La dame est jalouse. Elle a une fille d'un précédent mariage, Isabella, quinze ans, et Giuliano la trouve très à son goût, plus fraîche que la mère en tout cas. Et ça, la maman, elle n'aime pas, mais pas du tout, donc son Jules, couic, une balle dans le bide!
L'ennui, c'est que Peloso, ça lui déplait qu'on lui tue son bras droit. Qui a osé?? Sûrement un de la famille concurrente. Tiens, d'ailleurs, regardez qui est infirmier dans le service où est mort Sugamele : Grazioso. Le beau-frère de Carmelo di Stazio, le bras droit de Agnello. C'est signé! Et zou! Le clan Peloso fait la peau à Grazioso.
Evidemment, Carmelo, qu'on lui tue son beau-frère, qu'il sait bien innocent, tu parles si ça le ravit... Il se fait engueuler par sa femme, sa belle-mère est aux cent coups, elle fait un malaise cardiaque, bref, c'est la merde, et Carmelo est plus que prié par ces dames d'agir, et tout de suite.
S'ensuit tout plein de meurtres. Un pour Peloso, un pour Agnello, un pour Peloso, un pour Agnello... Pas question que les comptes ne soient pas bon!! Avec le Commissaire Garzullo au milieu de tout ça, dépassé par les évènements, avec un manque criant d'effectifs, qui ne peut rien faire d'autre à part compter les points...
J'ai trouvé ça super plan-plan à lire... Du polar très à l'ancienne, pourtant le bouquin doit à peine avoir quinze ans. Il se passe peu de choses, le peu qui se passe n'est pas super transcendant, c'est «cool tranquille la vie, faut pas stresser». Ce n'est pas foncièrement mauvais. C'est juste ennuyeux. On s'endormirait presque.
Sinon, mention spéciale à la maison d'édition qui nous a pondu le titre français, «Soupe aux légumes», je ne sais pas où ils sont allés chercher ça... On ne parle pas de soupe du tout, pour ce qui est des légumes, mouais, en tirant par les cheveux, en effet les mafieux règnent sur les Halles aux fruits et légumes de Turin, mais c'est très secondaire dans l'histoire. Le titre original est «Torino, Lungodora Napoli», qu'on pourrait traduire par un truc du genre «grande rue de Naples, à Turin», ce qui a un sens, vu que c'est dans cette rue que se passe une grosse partie de l'action de ce bouquin.
Voilà un «giallo» dont je vais pouvoir rapidement oublier l'existence. Ca m'apprendra à vouloir lire de l'italien!!!!