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24 avril 2012

CHRONIQUES D'UN MEDECIN LEGISTE

 

 

CHRONIQUES D'UN MEDECIN LEGISTE

 

Michel SAPANET  

 

 51UY3nM5-7L

 

 

 

On tue en France, tous les jours, toutes les heures. Les faits divers envahissent les journaux, les séries télévisées autour de la médecine légale prolifèrent : les histoires criminelles, réelles ou fictives, exercent sur le public une fascination sans borne.

A la suite de Michel Sapanet, médecin légiste, nous voilà sur le terrain, sur les lieux du crime et dans l'intimité des victimes. Sa vie, c'est la mort. Egorgés, poignardés, étranglés, pendus, noyés, tués par balle, tous finissent par parler. Sur la table en inox, avec un immense respect, le légiste leur inflige l'ultime violence, celle de l'autopsie. Exploration des boites crâniennes, inspection des chairs mortes, ouverture des cœurs, voici le quotidien extraordinaire d'un homme ordinaire.

Quelle vérité enferme ces corps anonymes, bien souvent méconnaissables? Au médecin légiste d'aller la chercher. Suicide déguisé, sombre accident de chasse ou infanticide inexplicable, le dr Sapanet passe en revue les nombreuses affaires criminelles survenues ces dernières années dans la région poitevine. Avec humour, il nous propose une plongée en apnée dans l'univers captivant de l'autopsie, et accomplit cet art insolite de faire parler les morts.

 

Michel Sapanet dirige l'unité de médecine légale du CHU de Poitiers. Expert judiciaire, maître de conférences des universités, il pratique et enseigne depuis vingt ans une médecine légale de terrain.

 

*********

 

 

Quand je suis tombée sur ce bouquin à la biblio d'Amiens, je dois dire que ce qui m'a le plus amusée, c'était... que le bas de la tranche semblait avoir été croquée par un chien. Je trouvais le parallèle entre le nonos de médor et le titre du livre assez ironique... Comme quoi, un rien m'amuse. Ensuite, j'ai ouvert l'ouvrage, j'ai lu le premier chapitre, et je l'ai ramené chez moi!

Mes plus belles rencontres littéraires se font toujours par hasard. ^^

 

Michel Sapanet nous emmène dans son monde et lève un peu le voile sur cette discipline méconnue et pourtant ô combien indispensable de la médecine : la médecine légale. On n'imagine pas l'horreur que ça peut être avant de l'avoir lu... C'est fort bien raconté. Avec de l'humour, mais jamais de vulgarité, le Dr Sapanet nous raconte ses petites anecdotes. Cela va du bébé secoué, au suicidé passé sous les roues d'un TGV, en passant par les petits meurtres entre amis. On croit rêver quand on lit la procédure efficace pour débarrasser les os de la peau et des muscles (comme dans Bones, un gros pot-au-feu),  on est interloqué quand on apprend qu'il est préférable d'assister à une autopsie en ayant pris un solide petit déjeuner (plutôt que de tourner de l'oeil le ventre creux). On ressent aussi un grand respect pour les équipes du Samu, de la Police, de la Gendarmerie et surtout des Pompiers qui ont la lourde tâche d'aller ramasser (au sens propre) les morceaux sur les lieux des carambolages entre voitures, ou sur les scènes de suicide pour ceux qui décident de se jeter sous un train (ça m'a marqué les trains!)... ou sur toutes les autres scènes, qu'elles soient criminelles ou non. Car il y a un monde entre entendre au JT qu'il y a eu un carambolage, et comprendre que les gens ont été transformé en bouillie humaine compressée dans des voitures césarisées, et qu'il a bien fallu les désincarcérer. Un monde entre entendre au JT qu'il y a eu un incendie avec des morts et comprendre que des gens sont morts carbonisés, et qu'il a bien fallu aller les ramasser... Un monde entre entendre la nouvelle d'une personne qui se jète sous un train, et songer qu'il a bien fallu aller ramasser les morceaux éparpillés.. Et se dire qu'à la fin de cette chaine de « ramasseurs », il y a le légiste, qui récupère les bouts de corps, les rassemble, les identifie.

On n'imagine pas quelle organisation se met en marche au moindre décès...

Et surtout, surtout, j'ai découvert que médecin légiste, ce n'est pas juste officier à la morgue et à la salle d'autopsie. Le médecin légiste n'est pas un petit rat de laboratoire qui ne voit que la lumière de ses néons. Etre légiste, c'est aussi aller sur le terrain. Enormément de terrain. C'est aussi une rigueur de tous les instants, des procédures strictes à respecter, pour pallier à toute éventualité, répondre à toute question d'un juge ou de la famille. Ce métier en impose! Je regarde peu la télé, et les bouquins que je lis racontent peu d'autopsies (à part le « Bones » lu avec difficulté l'année dernière), du coup, on peut dire que j'ai carrément découvert la discipline. De loin la moins glamour, mais excessivement intéressante et gratifiante. Excessivement dure également. On ne cesse de voir des horreurs, les « clients » ne sont malheureusement pas tous morts de leur belle mort... Et je suis d'autant plus admirative que je me dis qu'il faut avoir un moral d'acier pour faire ce métier. Car l'enquêteur qui est là en salle d'autopsie, qui assiste à tout ce qui se passe, au départ, il n'a pas signé franchement pour ça, mais ça fait partie du boulot, il fait avec. Le médecin légiste, lui, il a pleinement choisi. Choisi de trier des bouts de chair humaine, choisi de travailler sur des corps en putréfaction, qui puent et qui se liquéfient. Choisi d'ouvrir des enfants et des bébés...

 

Je ne le fais jamais en temps ordinaire, mais je pense que celui qui en parle le mieux est encore le Dr Sapanet lui-même. Petit extrait (bien) choisi :

« Comment pouvez-vous faire un métier pareil? », « faut être bizarre pour faire ça, non? » Si le crime est horrible, l'autopsie suscite la répulsion, elle est une abomination, d'autant plus inutile que la cause de la mort est, le plus souvent, évidente. Alors, à quoi bon infliger à la victime cette horreur supplémentaire, cette boucherie?

Les apparences sont trompeuses : l'acte est indispensable. De quoi s'agit-il? Avant tout d'une fouille minutieuse, au plus profond des corps, de leur intimité, « les mains dedans ». Le prix à payer est fort : il faut éviter les affects, faire abstraction du caractère répugnant du geste. C'est pourquoi le métier est difficile. Il devient également ingrat lorsque le corps ne parle pas, malgré les moyens utilisés. Durant cette fouille, il s'agit de retrouver les indices apportés par le corps, les pièces d'un puzzle, comme autant de fragments de vérité. C'est à partir des indices que le légiste va éclairer les causes de la mort, mais surtout ses circonstances. C'est une histoire qu'il va raconter, l'histoire des derniers instants d'une vie. Sans quitter totalement le domaine technique, le métier entre alors dans une toute autre dimension : il faut sauver ce qui reste d'humain dans l'indicible.

 

Voilà, gros extrait. Mais plutôt que de plagier l'auteur, je trouve plus facile de lui laisser la parole...

 

Faut-il lire Chroniques d'un médecin légiste ? Oui !!!!

 

 

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