LES EXPLOITS D'UN JEUNE DON JUAN

LES EXPLOITS D'UN JEUNE DON JUAN

Guillaume APOLLINAIRE

 

Quatrième de couv' :

Le jeune Roger ne rêve que de filles et de femmes, de séductions, d'abandons et d'étreintes, d'odeurs et de formes abondantes... Rapidement déniaisé, l'adolescent embrasse, caresse et séduit tout ce qui porte jupon, ne reculant devant aucun fantasme ni aucune perversion pour assouvir ses désirs et parfaire son apprentissage amoureux.

Un roman d'initiation amoureuse et sexuelle, à la fois drôle et provocant, par l'un des plus grands poètes du XXème siècle.

Encore une quatrième de couv qui se voulait prometteuse, mais après l'attrape-nigaud à la Allen, j'avais un peu peur de ce que j'allais lire. Je ne connais pas du tout Apollinaire, mis à part un ou deux poèmes vaguement survolés en classe de français au lycée (et encore, est-ce que je ne confonds pas avec Baudelaire? la poésie et moi, ça fait douze!), mis à part savoir que le brave homme a son nom sur bon nombre de collèges et de lycées en France, qu'est-ce que je connais de Guillaume Apollinaire? Rien. L'homme aurait tout aussi bien pu être une grenouille de bénitier pour qui le comble du coquin est voir le mollet nu d'une femme...

Heureusement, après le premier chapitre, je me suis vite rendue compte qu'il n'en était rien. Roger part pour les vacances à la campagne, avec sa mère, sa tante, sa soeur Berthe et leur femme de chambre Kate. Il a 16 ans. Au château, la maison de campagne, Roger fait une farce à sa soeur Berthe en la faisant tomber de quelques marches. L'adolescente (14 ans) se retrouve par terre, la jupe par dessus tête, et son intimité nue à la vue de son frère. A l'époque, point de culotte, ça n'existe pas. Voir sa soeur nue, le Roger, ça lui met une belle gaule...

Au fil des pages, nous voyons Roger découvrir l'onanisme (très belle description d'une branlette d'ado), se faire déflorer par la femme du régisseur (bon, en fait, c'est plutôt lui qui est à la limite de la violer). Il dépucèle sa soeur Berthe, il tombe la femme de chambre, il tombe les servantes, il dépucèle également sa tante (qui n'a finalement qu'une petite dizaine d'années de plus que lui), il s'amuse avec son autre soeur, Elise. Pour faire simple : il baise tout ce qui porte jupon, tout le monde y passe, sauf sa mère.

C'est pervers. C'est glauque. C'est absolument épouvantable comme lecture : Roger saute littéralement toutes les femmes, certaines sont très demandeuses (les servantes), d'autres sont moins consentantes (ses soeurs, sa tante), mais toutes se laissent faire, puisqu'il faut bien laisser le petit faire son éducation sexuelle. Il y a évidemment des dommages collatéraux, Roger est très vigoureux, et sa sémence l'est tout autant. Il aura un fils avec une servante, une fille avec sa soeur ainée, une autre fille avec sa tante. Chaque femme sera mariée au début de sa grossesse, chaque mari se croyant le père légitime de l'enfant. Croyez-vous que cela serve de leçon à Roger?

"Bientôt Ursule accoucha d'un garçon, plus tard Elise et ma tante, d'une fille ; le même jour je fus parrain du petit Roger d'Ursule, de la petite Louise d'Elise et de la petite Anna de ma tante, tous enfants du même père et qui ne le sauront jamais.

J'espère en avoir bien d'autres et, ce faisant, j'accomplis un devoir patriotique, celui d'augmenter la population de mon pays."

Voici comment se finit "Les exploits d'un jeune don juan" : sur la promesse d'autres enfants à venir, Roger ne s'arrêtera pas là!

C'est totalement décadent. Totalement amoral. Mais c'est tellement bien écrit, avec une telle fraicheur, que bien que ce soit perturbant, j'ai trouvé ça magnifique. J'ose à peine le dire : j'ai adoré cette lecture! Honte à moi?