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14 septembre 2011

L'ELEGANCE DU HERISSON

 

 

L'ELEGANCE DU HERISSON . de Muriel BARBERY

 

 

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Quatrième de couverture :

"Je m'appelle Renée, j'ai cinquante-quatre ans et je suis la concierge du 7 rue de Grenelle, un immeuble bourgeois. Je suis veuve, petite, laide, grassouillette, j'ai des oignons aux pieds et, à en croire certains matins auto-incommodants, une haleine de mammouth. Mais surtout, je suis si conforme à l'image que l'on se fait des concierges qu'il ne viendrait à l'idée de personne que je suis plus lettrée que tous ces riches suffisants.

Je m'appelle Paloma, j'ai douze ans, j'habite au 7 rue de Grenelle dans un appartement de riches. Mais depuis très longtemps, je sais que la destination finale, c'est le bocal à poissons, la vacuité et l'ineptie de l'existence adulte. Comment est-ce que je le sais? Il se trouve que je suis très intelligente. Exceptionnellement intelligente, même. C'est pour ça que j'ai pris ma décision : à la fin de cette année scolaire, le jour de mes treize ans, je me suiciderai."

 

*****************************

 

Il est des livres que l'on rencontre par hasard, et dont on tombe amoureux aussitôt. Celui-ci me semblait tellement "moi". Non pas que je me perçoive comme "exceptionnellement intelligente" comme Paloma. Je ne suis pas particulièrement intelligente, ni même intéressante. En société, j'ai de l'humour, parfois de la répartie, mais niveau conversation, me parler c'est comme essayer de converser avec un bulot : si le sujet ne m'intéresse pas, je ne fais même pas l'effort d'essayer de donner un avis. C'est sûrement pour cette raison que certaines personnes me décrivent comme une femme qui "n'exploite pas le quart de son intelligence", d'autres me considèrent "brillante", et encore d'autres à la limite de l'autisme. A mon âge, j'en ai entendu quelques belles à mon propos, ou tout du moins, à propos de mes capacités intellectuelles! Non, ce livre m'a plu parce qu'il regroupe tellement de "pensées" de la part des deux personnages principaux (principales, ha ha!)(private joke), tellement de pensées si proches des miennes, que c'en était presque troublant. Des idées que j'ai et formule parfois, au grand émoi de mon entourage : que je commence à dire que célèbre ou non, quels que soient nos actes, nous finiront tous de la même façon, à savoir six pieds sous terre et dans l'oubli total, que je commence donc à dire ce genre de petites phrases somme toute anodines pour moi, et aussitôt je suis pressée de questions. Suis-je dépressive? Suis-je déprimée? Suis-je suicidaire? Ai-je déjà pensé à voir "quelqu'un", sous-entendu vous aurez compris, un psychologue. Comme si on ne pouvait pas être d'un naturel enjoué (comme le mien) et se poser régulièrement des questions philosophiques (peut-être un peu bistrotières en ce qui me concerne, ha ha)...

 

Je me suis sentie proche de Renée, Mme Michel. Elle est concierge, on la traite en concierge : une femme bête, sans autre préoccupation dans la vie que le ménage et de quoi sera composé son prochain repas. Une femme bête, une vie bête. Alors que Renée lit beaucoup, et pas des romans de gare. Elle se passionne pour la philosophie, les grands romans russes, le cinéma japonais, la musique classique.

Extrait :

"J'ai lu tant de livres...

Pourtant, comme tous les autodidactes, je ne suis jamais sûre de ce que j'en ai compris. Il me semble un jour embrasser d'un seul regard la totalité du savoir, comme si d'invisibles ramifications naissaient soudain et tissaient entre elles toutes mes lectures éparses - puis, brutalement, le sens se dérobe, l'essentiel me fuit et j'ai beau relire les mêmes lignes, elles m'échappent chaque fois un peu plus tandis que je me fais l'effet d'une vieille folle qui croit son estomac plein d'avoir lu attentivement le menu. Il parait que la conjonction de cette aptitude et de cette cécité est la marque réservée de l'autodidactie. Privant le sujet des guides sûrs auxquels toute bonne formation pourvoit, elle lui fait néanmoins l'offrande d'une liberté et d'une synthèse dans la pensée là où les discours officiels posent des cloisons et interdisent l'aventure."


Je me suis sentie proche de Paloma. Elle a douze ans, on la prend pour un bébé qui ne comprend rien à rien. Pourtant le bébé a bien compris le cliché qui veut qu'on passe sa vie à la perdre. Elle a donc décidé que le jour de ses treize ans, elle mettrait le feu à l'appartement familial pour ensuite aller gentiment se suicider chez sa grand-mère, en avalant des somnifères qu'elle vole à sa mère (un comprimé tous les mois depuis déjà un an).

Extrait :

"Mais même si on compare avec les adultes, je suis beaucoup plus maligne que la plupart d'entre eux. C'est comme ça. Je n'en suis pas spécialement fière parce que je n'y suis pour rien. Mais ce qui est certain, c'est que dans le bocal, je n'irai pas. C'est une décision bien réfléchie. Même pour une personne aussi intelligente que moi, aussi douée pour les études, aussi différente des autres et aussi supérieure à la plupart, la vie est déjà toute tracée et c'est triste à pleurer : personne ne semble avoir songé au fait que si l'existence est absurde, y réussir brillamment n'a pas plus de valeur que d'y échouer. C'est seulement plus confortable. Et encore : je crois que la lucidité rend le succès amer alors que la médiocrité espère toujours quelque chose."

 

 

Je ne saurais que trop vous encourager à lire "l'élégance du hérisson". Vous aimerez ou vous n'aimerez pas, c'est comme tout, bien entendu. Mais rien que pour comprendre dans quel bocal à poisson rouge nous vivons... ça vaut le coup! Sinon, au pire, ça vous donnera envie de lire "Anna Karénine" et autres romans russes...!


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